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  • Chapitre II : D'enquiquinantes débandades.

    samedi 1 octobre 2011









    Voilà maintenant une bonne semaine qu'on nous a tout bonnement coupé les ailes.
    Scepticisme oblige, je préfère avertir qu'elle ne fût pas sensationnelle, ce fût au contraire une semaine maussade, comme toutes les premières semaines de rentrée, une semaine où l'on voit nos rêves de nuits blanches s'envoler, nos bras et jambes s'enchaîner,  le besoin de sortir s'accroître et les envies de cuites nous peser.


    Une semaine bien triste donc, que j'essayerai de vous décrire avec le plus d'objectivité et de précision possibles.


    C'est donc sur un air de Pigs On The Wing que je me lance dans mon expiation hebdomadaire.


    Lendemain de rentrée : Le dimanche endimanché.


    9 Clopes, un coup dans le ventre.
    Toujours autant dans les vapes, certains disent même qu'il est plus difficile de se réveiller le deuxième jour, ce n'était pas mon cas, puisque je ne dormais plus, la journée d'hier m'ayant traumatisé, j'appréhendais maintenant ce jour tant attendu, le dimanche où tout basculera, où l'on se rendra vraiment compte qu'une vie existe encore derrière ces murs ridés par le temps, ces briques gruyérées et hantées maintenant par de sournois parasites.
    Voilà ce qui tourmente la majorité des élèves ayant fait le pas dans la vie sociale, se dire qu'ils sont maintenant coincés là, entre quatre cloisons impénétrables et qu'ils n'en sortiront pas avant 17h15.

    Le cours n'ayant commencé que depuis deux minutes, certains s'égarent déjà en réminiscences diverses, chacun engouffré dans ses propres mirages, ses propres flash-back de pseudo-bonheur qu'il vécut cet été là, je ne parle pas de la façon dont il a réussi à en finir avec Illidan grâce à une instance risquée en guilde bourrée d'unstuff non, je parle ici  de vrais souvenirs, comme ces bribes de soirées qui nous manquent tant, qu'elles se soient passées sur du gazon, en compagnie de l’élu(e) de son cœur, ou dans l’appartement d'un ami à se découvrir une nouvelle personnalité derrière des verres, le tout,  jusqu'à pas d'heure.
     Je parle de ces petits moments bénis qui nous aident à survivre et à surmonter ces épreuves quotidiennes que nous soumettent ces enseignants sadiques dont le règlement drastique érige maintenant nos tristes vies.


    Plongeons-nous donc un peu plus dans le coeur du sujet, nous voilà enfin plongés dans un décor de classe qui nous servira de résidence secondaire, pour une durée de six longs mois, un homme s'engouffra tant bien que mal depuis l'embrasure de la porte, puis se dirigea vers son bureau, d'une démarche assurée qui en disait long sur la hauteur de son ego.
    C'est ainsi qu'il se présenta comme étant le nouveau professeur d'algèbre, marquant une pause après avoir souligné qu’il faisait partie de l'élite enseignante, grâce à son poste à l'école polytechnique nationale ( où il a sûrement du oublier sa modestie ) vu le regard belliqueux duquel il foudroyait chacun des spectateurs ébahis qui assistait à cette démonstration de force.
    Son aura ainsi propageant respect et anxiété parmi eux, il finit après sa présentation par un cours-fusée qui voulait dire " Ici, on ne rigole pas avec les maths."
    Un vrai fanatique, l'imaginant sniffer du feutre en rentrant à la maison pour oublier l'erreur fatale de sa vie ( préférer l'amour des maths à l'amour des femmes avait du être un choix difficile ), je le plaignis intérieurement, tout en l'imaginant une bosse au Jeans, s’astiquant devant le tristement célèbre nombre d'or.


    S'enchaîna alors avec le cours de Chimie, cours qui nous fût dispensé par une petite femme à l'allure bien coquette, cheveux trop blonds pour être naturels, petits yeux olive encadrés par des petites lunettes rectangulaires, dont la démarche pressée ne faisait qu'attirer l'attention sur ses minuscules jambes, son parcours vers le bureau parût interminable, comme  transmis à nos yeux en slowmotion.


    C'est d'un air sévère qu'elle jeta un coup d'oeil oblique à ses élèves, elle resta un moment de marbre devant la mine incrédule de sa classe, nous reluquant un par un, puis elle prononçât enfin un mot, puis deux, puis plusieurs, qui se transformèrent en avertissements et prohibitions de tout genre, soulignant soigneusement que ses cours étaient et seraient  magistraux, et qu'elle ne voulait en aucun cas que l'un de nous émette le moindre son, sous peine de se voir je cite : "Attaché au fond de la classe, les lèvres soudées à l'azote liquide."


    Mes camarades étant bouche-bée devant la prestation de la jeune recrue, je me marrais silencieusement en regardant l'un d'eux s'étouffer à cause d'une mouche qui s'était offerte le gîte dans son estomac.


    Retour à la maison, élancements aux côtes, rire de mon voisin ne fût pas très malin.




    Puis vint le lundi qui rimait avec rêvasserie.
    Le réveil, qui s'avérait difficile fût simplifié grâce à la nouvelle technique maternelle.
     Elle use maintenant de la ruse pour réveiller ses pauvres garçons au corps ankylosé, leur promettant des crêpes au petit-déjeuner, ce n'est que trop tard que l'on ne se rend compte du panneau dans lequel on est tombés et ce n'est aussi que trop tard que l'on s’aperçoit que l'on est en retard, départ en trombe, chaussettes dépareillées.


    6 Clopes, une tape sur la tête.
    Arrivée à la fac, ambiance morbide émanant des élèves, je commençai donc à slalomer ces zombies plageophiles pour essayer de reconnaître un visage familier, jusqu'à en trouver un.
    Bingo ! L'administration toujours aussi douteuse, j’apprends qu'aucun professeur d'analyse n'ayant accepté nous prendre, nous avions notre matinée de libre, suivie d'une après-midi démarquée par une séance de cours d'électronique.


    Nous voici donc, mon groupe d'amis sociables et moi, assis en plein milieu de cette cour morbide, parsemée de visages tristes aux larmes retenues, cherchant un moyen ludique de faire passer le temps plus vite, après un rapide tour autour de nous, nous finîmes par arriver à cette conclusion : Il n'y avait foutrement rien à faire, mais voilà donc notre sauveuse, ma chère et tendre cousine, dont l'Android allait alléger notre peine, grâce à ses quizz auxquels jamais personne n'avait de réponses.


    Après une séance allongée d'une ou deux heures, nous arrivâmes tous à la même péroraison : Nous ne possédions aucune culture, qu'elle soit cinématographique, bibliographique ou générale, nous étions nuls à chier, mais nous nous en foutions, petit moment de transe quand l'un d'entre nous prononçât la phrase philosophique de la journée : "D'toute façon, la culture, c'est pour ces enflures là." en désignant les autres goules qui erraient sans but attendant qu'un enseignant daigne s'occuper de leur insatiable soif d'apprendre.




    S'en suivit le mardi groggy.


    5 Clopes, une envie de mourir.
    C'est bon, on ne joue définitivement plus, journée bien remplie, aucun moment de répit.
    La clope entre les cours représentant mon seul repos du guerrier, je m'efforçai de la faire perdurer au maximum, en dépit des autres qui enchaînaient déjà avec une nouvelle leçon et me regardaient par dessus la fenêtre, tel ils regarderaient un hérétique membre du Klu Klux Klan, je me fis le plaisir de savourer ma cigarette sous leurs yeux en soutenant leurs regards désapprobateurs, ma réputation ressemblait à la vie d'un trampoliniste, j'étais maintenant haï auprès des EPSTistes.


    Arrivé déconcerté à la maison, une dépression néophyte commençait à creuser et s'attabler à mon esprit, voilà qu'heureusement, je reçois un message de ma bien aimée, requinquage instantané, je te remercie mon amour, même si je sais que tu ne liras probablement jamais ce recueil d'inepties...


    Altruisme oblige, j'obligeai mon chat à écouter le récit à ma journée, je crois qu'il s'est endormi à "Ce matin".










    Nous y voilà presque, le mer(de)credi.
    0 Clopes, du Gossip Girl.
    Cinquième jour de cours, non des moindres, je regardai la salle des professeurs en me demandant si eux aussi avaient des touches snooze sur leurs réveils, je subodore le fait en voyant leur ponctualité et leur manie d'arriver toujours en avance histoire de débuter les cours un peu plus tôt que prévu.
    Première séance passée, j'entendis un écho disant que la séance prochaine était annulée, je me dirigeai donc vers une classe vide, histoire d'alléger mon esprit de cet halo malfaisant qui émane de cet établissement, il m'arrivait parfois d'entendre les pas étouffés d'autre élèves vagabonds qui passaient par le couloir, élèves qui, n'ayant rien d'autre à dire/faire, se plaisaient à raconter leurs "anecdotes" des cours de la veille, alignant subtilement chacune des bavures du corps enseignant : "...Pis là, après avoir écrit le problème, il se retourne vers nous cherchant la réponse, tu vois ? Et là bah j'lève la main comme un malade, pendant une bonne dizaine de minutes ! Et devine qui il décide de faire répondre ? L'autre mécheux à grosses lunettes, la vie est trop pas juste !  J’suis sûr qu'il a du payer pour passer en deuxième année lui..."
    Je crois qu'il parlait de moi.


    Effectivement, les cours de la veille furent d'autant plus éreintants quand l'un des professeurs décida de me faire monter au tableau, non par sympathie, ou historie de m'expliquer plus pédagogiquement le cours, mais plutôt histoire de se moquer de moi, idées reçues et jugements mal placés obliges, je suis quotidiennement confronté à ce genre de situations depuis mon plus jeune âge, à cause de mon apparence que l'on juge "atypique", et puis pour ce qui est de cette deuxième année, j'estime avoir été le premier surpris à m'être vu parmi les "chanceux" qui passaient au "niveau supérieur", ayant passé ma première année à dormir à l'arrière d'une voiture, je n'ai toujours pas saisi par quel miracle j'ai réussi à m'immiscer au coeur de ces bûcheurs qui ont du perler du front toute l’année pour obtenir cette dernière, je pense que c'est grâce à la prof de Français, elle m'aimait bien je crois.
    Voilà donc ma position, catapulté au milieu de rageux qui ne ratent pas une occasion pour m'offrir un de leurs regards les plus vides et dénués de sympathie, leur spécialité quoi.




    Geudi.


    19 Clopes; une lueur d'espoir.
    Première journée à peu près agréable, première séance de cours de VOM, qui se traduit en Vibrations et Ondes Mécaniques, je fus surpris de découvrir un professeur à la mine enjouée , qui nous salua vivement de la main dès son apparition à la porte avec un sourire on ne peut plus sincère.
    Malgré son visage creusé par les cernes, ses cheveux frôlant la grisaille, une aura bienfaisante se dégageait de ce mariage entre son corps trapu, ses yeux perçants, et la vivacité qu'exprimaient ses mimiques.
    Il égayait même son premier cours de quelques phrases tel que :
    "La vie est un combat permanent, le métier en est l'arme."
    "La vie ne sera jamais facile, même si l'on peignait le monde entier en rose."
    Très utopiste, isn't it ?
    Bref, un professeur bien sympathique dans ce monde de brutes.





    Vendredi,
    4 Clopes trois quart, du produit nettoyant sur les chaussettes.
    Enfin une journée de repos, je me réveille grâce à ma fabuleuse horloge biologique à 8h du matin et n'arrive plus à me rendormir.
    Le sommeil m'ayant définitivement quitté, je décidai de boycotter le monde extérieur en campant mon lit, c'est armé d'un livre, que je passai la moitié de ma journée, exode littéraire, voyage mental, je me réveillai les membres engourdis, enfin sorti de mon néo-sommeil, grâce à l'appel au secours d'un de mes amis qui, héritant d'un appartement qu'il transformera bientôt en repère de débauche et de perversion avait besoin d'un coup de main pour le nettoyage.
    C'est donc armé de mon Jeans le plus déchiré et d'un T shirt arbitraire, qui les deux, m'offraient un air de dépravé, que je sorti direction chez Blondy, surnom qu'on lui donnait et à cause de sa teinte capillaire mais aussi à cause de sa manière assez atypique de réfléchir.

    Je sorti donc, pour remarquer à ma grande surprise que les rues étaient complètement désertes, me sentant dans un film futuriste parlant de la fin du monde, j'en profitai pour me balader en plein milieu de la route, tel un rebelle néophyte avide de nouvelles expériences, ce n'est que plus tard dans mon excursion que je découvre la raison de ce décampement futile. Aujourd'hui était la journée sans voitures, journée où les grandes routes étaient fermées, laissant place et liberté aux joyeux piétons qui se découvrirent un plaisir ineffable à pratiquer des activités normalement impraticables, comme faire du vélo, des courses à pieds ou bien même marcher en contre-sens...d'autres activités étaient tout simplement stupides, comme installer une aire de Judo, des filets de Tennis et autres manèges divers en plein milieu de la route.
    Bref, un vrai beau monde.
    Enfin arrivé, je gravi les deux étages qui me séparaient de l'appartement pour enfin déboucher dans un antre où se mêlaient odeurs de savon et d'eau de Javel, je m'assis donc à un fauteuil, les regardant analyser et astiquer chaque recoin de chaque pièce, de vrais messieux-propre.
    Une fois le grand ménage fini, nous nous installâmes au salon, puis racontâmes chacun nos péripéties de la semaine, se plaignant de nos nouveaux environnements respectifs, de notre nouvel entourage ou même du temps qu'il faisait dehors.






    Je ne vous raconterai pas comment ils ont essayé de m'ôter les rares poils qui parsèment mon torse,  à l'aide du seul objet omniprésent dans nos vies, un briquet.









    J'écris pour mon propre bien, ma propre thérapie.
    Merci d'avoir lu jusqu'à la fin, désolé de vous avoir volé dix minutes de votre vie.




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