• Home
  • Posts RSS
  • Comments RSS
  • Edit
  • Chapitre I : Une débâcle peu commune.

    samedi 24 septembre 2011


    Réveil au marteau et au burin.
     6h45 :
    C'est parti, c'est la rentrée, qui annonce avec elle, tous ces moments qui nous laissent nostalgiques pendant l'été, je parle bien-sûr de ces chers réveils prémédités, de ces bons vieux coups de gueules matinaux et bien sûr : des innombrables jurons qu'on lance quotidiennement à cet homme qui a eu la sordide idée de créer cette fichue touche Snooze sur nos gentils radio-réveils qui n'avaient rien demandé, cet être maléfique contre qui des milliers de personnes devraient porter plainte, parce qu'on se le dise, qui d'entre nous n'a jamais vu sa ponctualité faillir le jour d'un rendez-vous important, à cause de ce maudit bouton à caractère masochiste ?


    7h06 :
    L'alarme n'y faisant rien, voilà que je commence à ouvrir les yeux, grâce aux doux cris maternels que je perçois à mon encontre à partir de la cuisine, oui, il est 7h du matin et non, ma fabuleuse maman ne se gène pas pour démontrer de bon matin aux gens la puissance de ses cordes vocales, s'y mêleront les réponses enjouées de mon frère, toujours au même volume, lui reprochant d'oublier qu'on est samedi et que lui ôter chaque fois sa grasse matinée devenait inhumain.

    7h10 :
    Muscles domptés, la tête dans le brouillard, j'essaye tant bien que mal de m'habiller, dans un noir total, pour éviter un nouvel échange abrasif pour l'oreille interne, me heurtant à chaque geste à un meuble qui n'était pas là la veille, je me dirigeai enfin vers la cuisine, les orteils ensanglantés, le coude endolori, pour enfin prendre mon café.

    7h11 :
    J'essaye de faire comme la pub café Grand-Mère, j'en prends même  en rab, optimisme oblige, toujours rien. Ce foutu nuage qui m'empêche de marcher droit ne veut toujours pas disparaître, je fais avec et me dirige tant bien que mal vers l'endroit qui me servira de deuxième dortoir pendant l'année.

    7h59 :
    Arrivée en douceur, dans une cour parsemée d'étudiants impatients.
    Nouvelles têtes ? Non.
    Nostalgie ? Non.
    Magnifiques retrouvailles avec des gens qui nous ont manqués ? Pendez-moi.
    Ce n'est pas un délire misanthropique que je dresse là devant vous non, mais essayez donc de passer une seule journée dans notre si belle école préparatoire sciences et technique, je vous assure que vous n'y trouverez ni sourires radieux, ni visages chaleureux, les gens y sont mornes, ternes comme des assiettes, déjà cernés parce qu'ils ont bûché comme des forcenés pour "Débuter la rentrée en beauté !"
    Heureusement,  emphase mise de côté, j'arrivai finalement à trouver des personnes à peu près normales, qui comptent plus de cent personnes à leur liste d'amis sur Facebook, des gens sympa, drôles et pessimistes à la fois, des gens qui se demandaient tout comme moi, comment ils ont fait pour atterrir dans ce champ de mine pour personnes sociables, dans cette antichambre de la dépression, dans cet abattoir à personnalité.

    8h40 :
    Début des cours à 8h30, je n'allais quand même pas être ponctuel à ce premier cours qui s'annonçait morbide, coolitude oblige, je m'attardai à contempler mon paquet de cigarettes, qui maigrissait à vue d'oeil, c'est pas de ma faute si ces gens me stressent, j'y peux rien, je préfère continuer à me donner la mort en public, au lieu de leur adresser la parole.

    8h52 :
    Raté, les élèves étaient groupés devant la porte, scandant leur outrage à l'encontre de cette si naïve administration qui, dépassée par les évènements, oublia de desceller les portes de leurs prisons en briques ternies, désapprobation générale quant à ce "manque de sérieux"
     Le portier est enfin arrivé, haletant et boitant à cause de sa course effrénée dans les escaliers qui a fini en chute spectaculaire en vol plané, le pauvre secrétaire qui, se tenant toujours le genou, s'excusait quand même de la gêne occasionnée, les élèves lui exprimèrent leur gratitude en lui lançant des regards accusateurs et des marmonnements du genre  : " On vient de rater dix minutes de cours de ta faute, soit 6000 secondes de savoir, soit 3000 mots compliqués alignés qui ne servaient qu'à te prouver que tu es un raté et que tu le resteras, toute ta vie ( du moins c'est ce que je ressentais à chaque fois qu'un professeur ouvrait le bec ) "

    8h58 :
    Entrée en trombe dans la classe, j'ai finalement réussi à me frayer un chemin vers une chaise assez bien placée, juste assez restreinte pour m'accorder mes petits assoupissements ( sans le l ) au besoin, et juste assez proche du prof qui faisait mine de chercher sa craie alors que le tableau derrière lui était aussi blanc que neige.

    On aurait dit une mauvaise pub Castorama.

    11h30 : 
    J'ai enfin récupéré mes heures de sommeil, fraîchement requinqué, je constate qu'il n'y a plus personne autour de moi, le cours était fini, mes rêves de sérieux et d'assiduité avec, faudrait vraiment que je change de marque de café, il me laisse un infâme arrière-goût sur la langue.

    11h30-12h45 :
    Décidé à exciter mon cortex, je sors de mon sac Cochon et Éléphant, non ce n'est pas un plat traditionnel gentillement et élégamment empaqueté par la femme qui m'a donné la  vie, je parle du livre d'Helmut Krausser, dont le style cru et les paragraphes érotiques m'émerveillaient, il m'arrivait même de sentir un élancement dans mon Jeans, sous forme de tièdes vibrations spasmodiques, rien qu'en lisant quelques passages osés...
    Encore raté, c'étaient les messages répétitifs de l'élue de mon coeur, qui essayait d'avoir de mes nouvelles à mille-cinq-cent-cinquante et un kilomètres de distance, réveillé de mon  plongeon dans ces scénarios obscènes à souhait, je regardai l'heure pour remarquer que j'étais déjà en retard à mon cours d'analyse numérique, je réalisai en sprintant que je ne savais pas vers quelle salle je devais me diriger, résultat de la course, après un petit détour par le mur d'affichage, j'arrivai enfin à ma classe, qui était tout simplement, vide.

    12h45-13h00 :
    Essouflé, épuisé, je décidai de ravaler ma fierté et de demander à un élève à l'air triste, à qui j'avais demandé de me couvrir pendant mon sommeil la matinée même où étaient passés les élèves.
    Il me répondit en reniflant quelque chose du genre :
    " Y'a pas cours, ils sont tous partis chez eux."
    Jubilation intérieure, la respiration toujours saccadée, j'appréciais en silence ce premier après midi de "libre", en même temps qu'un point de côté qui me transperça les côtes et me cloua encore à ce décor, pendant une bonne dizaine de minutes. 

    13h30-14h30 :
    Enfin libre !
    Je marchais le long d'une ruelle où la populace était en masse, le soleil tapait fort et de partout, j'optai pour une marche avec vue sur la côte, premier petit plaisir de la journée, ça faisait du bien, je ne suis pas en train de dire que la brise côtière me chatouillait le nez, mais juste le fait de regarder la mer me dispensait de repenser aux longues journées que je devrais encore passer dans ce recueil pour no-life adeptes des plaisirs personnels et des soirées raids 25 héroique jusqu'à pas d'heure.

    14h30-16h30 :
    Arrivée au CCF, ma deuxième maison en quelques-sortes, je tombe sur mon amie Fifi brin d'acier, surnom que je lui attribuerai à cause de sa teinte excessivement rousse et de sa force de caractère surdéveloppée.
    Pas aujourd'hui non.
    Elle était en larmes, pleurant son chat décédé la veille, à cause d'un "manque d'activité sexuelle", c'est ce qu'avait dit le vétérinaire, je décidai de ne pas m'en foutre et lui ai promis de faire circuler cet appel à l'altruisme : 
    "Eh vous les chattes ! Faites pas vos moches, videz nous les poches  !"

    16h30-20h00 :
    J'ai enfin trouvé le courage de remonter chez moi, petit sommeil réparateur sans rêve.
    Non je ne rêve plus, depuis un cauchemar avec les Kangoo Juniors comme vedettes,  ces créatures qui, derrière leur allure innocente et adorable, cachaient un égoïsme et une perfidie hors normes, le rêve avait pourtant bien commencé, puisqu'il m'offrait dès le début Tiffany en tenue légère, summum du fantasme pour les moins de huit ans, pauvre de moi, je n'aurai pas du la suivre ce jour là, j'avais quand même 12 ans à cette période là...
    Me voici maintenant devant cet écran, avec cette idée folle de créer ce blog pour me rappeler de la "chance" que j'avais et des évènements trépidants qui rendaient ma vie si "spéciale" qui la transformaient de jour en jour  en une longue plainte taciturne, voire une mort à petit feu, qu'on maintiendrait embrasé aux allumettes, histoire de faire durer le plaisir.
    Fourni par Blogger.

    Membres